LE PROJET E-BUG

http://www.e-bug.eu

Qu’est que le projet e-Bug, qui implique plusieurs acteurs du Groupe GEPIE (Pierre Dellamonica, Pia Touboul, Brigitte Dunais du CHU de NICE) ?

C’est un projet pédagogique européen impliquant 18 pays qui propose un matériel éducatif gratuit (pack et site web) pour l’enseignement scientifique dans les écoles élémentaires et les collèges, concernant les micro-organismes, la transmission, la prévention et le traitement des infections.

Comment l’idée a-t-elle surgi ?

Malgré plusieurs campagnes destinées au grand public et diverses interventions auprès des prescripteurs, la France reste un des pays européens où les prescriptions d’antibiotiques sont les plus élevées. Les conséquences sur le niveau de résistance bactérienne aux antibiotiques sont bien documentées. On sait également que l’efficacité des campagnes grand public reste éphémère sans pérennisation. Afin de favoriser un changement culturel en profondeur, c’est donc naturellement vers les enfants d’âge scolaire que ce projet se tourne. En effet, le projet e-Bug concerne les élèves du cours élémentaire (CM1 et CM2) et des collèges (6ème et 3ème) dans leur milieu d’apprentissage et, à travers eux, leurs enseignants et leurs parents. L’objectif étant d’améliorer les connaissances sur ces thèmes et de faire adopter aux enfants, futurs parents et consommateurs d’antibiotiques, les bons comportements préventifs et de leur faire prendre conscience de l’utilité des antibiotiques, de l’importance de leur bon usage pour en préserver l’efficacité et des dangers liés à leur sur-utilisation.

Quel est l’historique du projet ?

Une action pilote mise en place en 2003 en Angleterre a montré une amélioration des connaissances des élèves. La Commission Européenne a proposé à l’initiatrice anglaise Dr Cliodna McNulty d’étendre ce projet en priorité vers les pays grands consommateurs d’antibiotiques, dont la France. L’équipe du CHU de Nice (Chef de projet Pr Dellamonica, Service d’infectiologie, coordinatrice Dr Pia Touboul et traductrice Dr Brigitte Dunais, Service d’infectiologie et Département de Santé Publique) a été contactée pour assurer la coordination de ce projet sur le plan national, du fait de son expérience dans la lutte contre la résistance bactérienne (campagne pilote de santé publique « Antibios quand il faut », dans les Alpes Maritimes dès 2000). Il est prévu d’étendre ce projet vers l’ensemble des pays membres de l’Union Européenne.

Un partenariat multi-institutionnel regroupant le monde de la Santé et celui de l’Education :

L’accord de participation du Ministère de l’Education Nationale (MEN) a été obtenu le 11.09.06 et aussi bien la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire que l’Inspection Générale se sont activement impliquées. Y participent également la Direction Générale de la Santé (financement de 50% de l’impression des packs), l’Institut National de Prévention et d’Education pour la santé (INPES) (relecture et distribution des outils), la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (financement de 50% de l’impression), et enfin l’association des professeurs de biologie et de géologie (participation à différents questionnaires).

Une méthode originale en étroite collaboration avec les enseignants et les élèves :

Ce travail résulte de l’implication des 18 pays partenaires. Une version initiale a été élaborée, basée sur un état des lieux réalisé dans chaque pays, permettant de déterminer les groupes d’âges où il existait des points d’ancrage dans le cursus scientifique, ainsi que les messages d’éducation pour la santé véhiculés, les attitudes des prescripteurs et des consommateurs d’antibiotiques. Il était également tenu compte des résultats de groupes de discussion avec les enseignants en France (Académie de Nice) et en Angleterre pour connaître leurs besoins en matière d’outils éducatifs. Cette version initiale a été évaluée auprès de 3000 élèves et leurs enseignants dans 3 pays (France, Angleterre et République Tchèque), sur le plan qualitatif (satisfaction et commentaires des enseignants et des élèves) et quantitatif (évolution des connaissances des élèves sur 3 questionnaires successifs). Enseignants et élèves ont apprécié l’outil proposé en suggérant quelques améliorations très concrètes, et les résultats quantitatifs témoignent d’une progression des connaissances des élèves. On a pu ainsi proposer une version finale attrayante, efficace, intéressante et interactive, adaptée aux conditions d’enseignement sur le terrain et au contexte socioculturel de chaque pays. Les élèves sont activement impliqués grâce à des expériences ludiques et concrètes, des recherches, des discussions, des jeux de cartes, des jeux de rôles et des activités créatives. Un site web (www.e-bug.eu) en cours de construction permet de télécharger les packs mais propose aussi d’autres supports pédagogiques pour les enseignants et des jeux en ligne pour les enfants. Cet outil, équipé d’un guide d’utilisation détaillé et pratique pour les enseignants, est très facile à utiliser même en l’absence de formation scientifique

Quel est le contenu de l’outil ?

Plusieurs axes sont abordés :
  • Tout d’abord, il nous a paru indispensable que les enfants se familiarisent avec le monde des microbes, ceux qui sont utiles, notamment dans l’industrie alimentaire et dans notre organisme, et d’autres qui sont pathogènes.
  • Ensuite, on aborde la transmission des infections. En effet, de nombreuses études ont prouvé que l’absentéisme scolaire diminue après des campagnes de lavage de mains car les infections se transmettent moins. C’est donc aussi une façon de diminuer la consommation d’antibiotiques que d’adopter des gestes simples d’hygiène. Ce chapitre se révèle particulièrement important dans le contexte actuel de pandémie grippale. La prévention par la vaccination est également étudiée.
  • Enfin, il a paru important d’expliquer les mécanismes de défense naturelle de l’organisme avant d’aborder le traitement des infections avec en particulier le bon usage des antibiotiques et les dangers de la résistance bactérienne. Les messages délivrés aux enfants sont très simples: N’utiliser que les antibiotiques que le médecin nous prescrit ; Toujours finir le traitement prescrit et respecter les doses; Eviter les antibiotiques pour toute infection virale telle qu’un rhume, une simple toux ou une grippe.

La mise en oeuvre en France :

Une lettre d’information cosignée par le MEN et l’INPES a été envoyée dès Septembre 2009 à l’ensemble des écoles élémentaires et des collèges en France et aux personnes-clés de l’Education Nationale. Actuellement, on peut commander directement sur le site web de l’INPES : http://www.inpes.sante.fr/ (barre de recherche : e-Bug). Plus de 50% des enseignants de SVT et 25% des écoles élémentaires ont déjà commandé ces outils.

L’intérêt de ce projet :

Il réside tout d’abord dans la collaboration entre le monde de l’Education et celui de la Santé. De plus, un projet scolaire européen de cette envergure peut constituer une base homogène européenne d’éducation pour la santé et ainsi engendrer des changements culturels bénéfiques pour la santé de tous.